• Être prof au Chili : c'est une blague?

    Salut tout le monde!

    Dans le meilleur des cas un prof chilien (ou une prof chilienne) gagne 800000 pesos par mois (environ 1000 euros), et assure entre 30 et 40 heures de cours par semaine. Le calcul est simple : 5 journées de 6 heures. Et beaucoup, dans mon collège par exemple, ne font qu'une vingtaine d'heures. Le coût de la vie étant plutôt élevé ici; et même identique qu'en France pour les loyers et le carburant; je vous laisse imaginer le panorama. Ce n'est pas une sinécure (c'est pas faux ;)

    Je me plaignais beaucoup des conditions de travail en France, et peut-être m'y plaignerais-je encore. Mais je ne me rendais pas compte que le système éducatif qu'on a est encore performant et bien rémunéré, et que 18 heures de cours, ou bien 20 si on est professeur chef avec une heure sup', c'est plutôt agréable. Cela laisse le temps de faire les choses correctement, innover, revenir sur sa pratique, rester connecté avec sa matière, se former, et avoir aussi quelques loisirs. Bon je ne dis pas que c'est idéal.

    Et surtout, il faut continuer à défendre ce système. Car la prochaine étape, c'est ce qui se passe au Chili. Éducation privée majoritaire, avec quelques établissement publics délaissés dont personne s'intéresse. Et qui dit éducation privée, dit entreprise. Ici, un collège est une entreprise. (En France on y est presque, vues les dernières reformes comptables pour les EPLE)

    C'est vrai que cela présente des avantages, et pour rester objectif je me devrais d'en faire une liste. Disons que je réagis un peu à chaud, et que je saute cette étape ;). Bon, je vais essayer d'être bref: 300 euros par mois et par enfant pour un collège moyen, des universités payantes et qui ne font plus de recherche fondamentale, des professeurs mal payés et parfois peu motivés donc, pas de formation continue, des droits limités car spécifiques à chaque établissement, une retraite inexistante, et j'en ai d'autres!

    Et si j'étais ministre de l'éducation nationale, je donnerai tous les crédits à l'enseignement professionnel, la recherche fondamentale dans tous les domaines, et en particulier dans la recherche d'énergie renouvelable. Sortir du nucléaire dans 70 ans : en voilà un bel objectif, qui redonnerait un horizon optimiste et stimulant, créant des millions d'emplois.

    Je redescends de mon petit nuage. Ici, je suis bien car mon contrat de travail est adapté, pour attirer des étrangers comme moi. Mais même ainsi, j'ai parfois l'impression que c'est une mauvaise blague.

     

    Être prof au Chili : c'est une blague?

    C'est l'heure du goûter!

    Être prof au Chili : c'est une blague?

    Confiture de Mûres faite maison par ma chère collègue de Maths Carolina A. Merci!!!!


  • Commentaires

    1
    valguil
    Mardi 8 Avril 2014 à 10:02

     

    Bonjour Fabien,

    Reprends un peu de  cette délicieuse confiture pour aller mieux!

    Certes présenté sous cet angle .... c'est tout de suite moins glamour et exotique enseignant au Chili!mais si tu cogites ainsi passé minuit... c'est un coup à devenir insomniaque de surcroît!

    Toutefois, tu as raison nous ne connaissons pas toujours nos avantages dans le système éducatif français. Depuis que je me situe en quelque sorte à la frontière entre profs et formateurs je découvre les lacunes et le manque de sérieux de beaucoup de mes collègues d'arts Plastiques. Si la didactique de leur discipline est maîtrisée, un certain nombre ne s'intéressent guère à la pédagogie...jugée dépassée pire trop changeante,inopérante voire inutile ! gloups..... pourtant il y a une diversité de méthodes et d'approches de transpositions pédagogiques inexploitées permettant d'être plus réactif selon la classe, le niveau, l’établissement. Ça y est me voilà transformée en curé de campagne prêchant la bonne parole!

    Il est certain que ce constat me semble plus évident aujourd'hui, lorsque je suis envoyée dans une classe pour solutionner des conflits prof/élèves pour un néo-titulaire ou des stagiaires prof des écoles..... des solutions  pertinentes et efficaces il faut bien que je puisse en trouver et assez rapidement! c'est pas toujours les gosses qui sont affreux... parfois c'est les parents.

    Autre thème ...puisque Béa t'as un peu parlé de ma vie de"maman", je garde à l'esprit chaque jour qui passe que si nous vivions à l'étranger... tiens aux USA! et bien nous aurions dû faire un emprunt conséquent afin de payer les frais d'hospitalisation d'une ado en longue maladie. Je ne souhaitais pas spécialement t'en parler car quoi qu'il arrive je vais de l'avant! pour moi, pour elle.... tu connais mon tempérament. 

    Alors merci pour ce Blog qui me permet de découvrir le Chili, de garder un contact avec ta réalité ....et d'avoir ton sourire sur les photos ce qui ai un très bon remède contre la morosité!

    Allez hop épouse une milliardaire Chilienne! et c'est réglé tu deviens le directeur du école privée pour l'élite friquée ....PS c'est Madame Auffret mère qui vas être contente que je dises de faire ta vie au Chili !  

    bon reviens ici il y a des raviolis, des fraise Tagada, du camembert et du bordeaux !   

     bises Mpathieu!

     

     

     

     

    2
    sonia
    Samedi 12 Avril 2014 à 17:43

    salut Fabien


    je sais que je ne t'ai pas écrit depuis un bail mais entre le boulot, les copies, la recherche d'une maison et ma fille, je n'ai pas beaucoup de temps. J'en ai tout de même un peu plus que toi car je n'ai pas 40 heures de cours par semaine mal payées! ça ne donne pas vraiment envie de s'expatrier. Vas-tu malgré cela, rempiler pour un an?


    Dommage que tu ne puisses pas revenir cet été, on aurait pu faire brûler quelques branches sur la plage mais ce n'est que partie remise.


    bises

    3
    Jojo
    Dimanche 13 Avril 2014 à 23:34

    Souviens toi, Piou, tout ce qui ne tue pas rend plus fort !!!happy

    4
    landerno
    Lundi 14 Avril 2014 à 11:28

    Salut Fabien ...

    j' espère que tu n' es pas dans l' incendie de Valpa' ?

    Donne nous de tes nouvelle O+vite

    A+

    5
    valguil
    Lundi 14 Avril 2014 à 21:47

    Bonsoir Fabien,

    J'ai écouté avec régularité les infos concernant l'incendie qui dévaste Valparaiso, J'espère que tu vas pour le mieux, ainsi que tes amis chiliens.  C'est une désolation humaine et culturelle.

    bises Valérie

    PS:un peu inquiète .... heu!  c'est dangereux le Chili... rentre au pays boy!?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    6
    Gwen
    Lundi 14 Avril 2014 à 22:01

    cela faisait un petit peu que je n'avais pas consulté ton blog, et que vois je, un Monsieur Auffret <3 <3 <3   qui va pas fort!


    bon, primo  en france,il y a des inspections super formatrices qui t'aident à garder la tête haute et un regard positif sur toi même et ton boulot, alors même si tu as le sourire, les élèves aussi, on fait toujours tout pour te briser un peu plus....


    deusio: heureusement, pour contrecarrer ça,  le chocolat ça existe!! l’inconvénient c'est que si le FN continue de progresser de la sorte, il n'y aura plus de cette douceur venue d'ailleurs, et les gens seront bien plus heureux?!?


    troisio: à force de se gaver de chocolat (parce que comme anti dépresseur il n'y a pas mieux quand même, limitons le trou de la sécu), les françaises sont grosses et pleines de boutons hi hi hi!


    quatrio : au moins au chili tu peux faire des barbecues géants en pleine ville, très convivial tout ça! et tous les voisins participent..... (bon, mauvais humour, je l'avoue!)


    cinquio: les mûres en france sont pleines de pollution et ne font pas d'aussi bonnes confitures.


    sixio (ça commence à se voir que mes cours de latin sont loin derrière et que je ne sais pas dans quelle langue je compte): en ce qui concerne les sports aquatiques tic tic!, les nageurs partent tous à l'étranger, les vagues sont ridiculement minuscules, la mer est trop froide, les piscines trop chlorées, il ne reste que la Loire en canoë (et c'est pas le plus mauvais reste! même si il y en a qui ne rame pas beaucoup....)


    je vois que le sourire revient déjà.......cool


     


    bref, tout ça pour dire que tu commences à avoir le mal du pays, rien d'anormal, c'est temporaire! la douceur des bras d'une chilienne devrait réussir à atténuer ce ras le bol. Sinon, cramponne toi jusqu'à ce que tu puisses revenir parmi nous, ces quelques mois passeront assez vite malgré tout, continue de profiter d'une vie de touriste et de t'émerveiller de ces somptueux paysages, ces treks à couper le souffle, cette douceur permanente, ces rouleaux hypnotiques pour les planches de surf, ces "moritos" devant un merveilleux coucher de soleil ! un peu d'égoïsme mince! profite et tant pis si tes cours sont pas très propres, on ne peut pas être que la tête dans le guidon, sinon on se casse la gueule, faut regarder aussi où on roule!


     


    bises et prend soin de toi


    Gwen

    7
    Stef
    Vendredi 23 Mai 2014 à 00:41

    Salut!


    Prof de français en France mais marié avec une chilienne, ayant enseigné au Chili, j'ai bien apprécié ton article. Les infos que tu apportes sur la condition des profs et de l'école au Chili sont très justes. C'est une réalité peu connue par chez nous. 


    Cependant, si le modèle éducatif ultralibéral chilien a quelque chose du repoussoir, et pousse d'ailleurs fréquemment les écoliers et étudiants à manifester dans la rue (ce qui fait alors d'eux les gens les plus conscients d'une société politiquement amorphe, gasp, ça me rappelle l'UE, peut-être en pire), je m'inscris en faux sur la défense que tu proposes de l'éducation en France. 


    L'ambiance y est infecte, les relations dégueulasses, et il est difficile de ne pas incriminer le manque de bienveillance des profs français pour leurs élèves. C'est d'ailleurs ce que relève le rapport PISA. Et, je te prie de me croire, ça m'embête beaucoup de me retrouver d'accord avec un rapport de l'OCDE!


    Mais, prof contractuel en collège depuis peu, je suis bien forcé de constater que le fonctionnariat amène mes collègues à se reposer sur leurs acquis et à refuser dans la relation pédagogique tout ce qui pourrait les remettre en cause. A la longue, ça fait des cons, à très courte vue, crispés sur la défense de leurs acquis corporatifs. Dont un salaire pourtant très en berne comparé à ce qui se fait dans les autres pays d'Europe.


    Comparé au Chili, c'est clair que c'est Byzance. Et, si ce pays me manque beaucoup parfois, je dois bien reconnaître que la vie est loin d'y être simple, pour la difficulté à gagner son pain aussi bien que  pour le manque de perspective.


    Sans sombrer dans un modèle thatchérien, un peu d'autonomie ne ferait pourtant pas de mal à nos écoles françaises, ni aux gosses qui y apprennent.


    Salutations

    8
    Lundi 26 Mai 2014 à 06:16

    Salut Stef!

    Tout d'abord, merci pour ton commentaire. Cela anime la vie de mon blog et j'en suis très heureux. Je suis content que tu partages mon point de vue sur les conditions au Chili. Connaîs tu le Lycée Jean d'Alembert de Viña del Mar? Je viens d'y faire une année en contrat local. Et je réintègre en France  en septembre prochain. J'avoue que j'ai hâte. Bon, je vais essayer de te répondre: la rédaction n'était pas mon point fort ;)

    Je suis d'accord pour que les établissements francais soient plus autonomes. Cela permet de s'adapter aux réalités locales, et aussi de mettre en place plus de démarches de type projet. Mais cela implique de sortir du contexte salle de classe. Quel dommage de passer tant de temps avec nos jeunes élèves et qu'il y ait si peu de transmission (de valeurs et de contenu culturel). De tels projets sont intéressants et source de motivation, pour les personnels et les élèves. Voilà déjà un premier "remède".

    Tu parles aussi de cette ambiance "infecte" qui règne dans la salle des profs:  Es-tu sûr que cela soit propre aux métiers de l'enseignement? Déjà, il faut titulariser tous les personnels de l'Éducation Nationale. J'ai fait 2 ans dans un collège en France où les surveillants sont payés au rabais, avec des contrats bidons. De même, de plus en plus de profs sont contractuels, ce qui est inadmissible. Même boulot implique même statut. Sans cela, difficile d'avoir une cohésion. Et sans cette cohésion, chacun ira en défendant son confort personnel.

    En fait, tout est lié: cohésion, motivation, autonomie dans les projets...et cette liaison crée un espace ouvert, et de cet espace ouvert viennent les idées, l'envie, l'inspiration.

    Le fait d'avoir des profs pas motivés est bien normal: Ils doivent tout gérer, chacun de leur côté. Au bout d'un moment, cela fatigue. Or, si on est dans les conditions que je viens d'énumérer, il y a l'échange, des groupes de paroles, le travail d'équipe, on se sent porté, englobé, je ne sais pas trop décrire. Et on va à l'opposé de cela. Vu comment cela se dégrade dernièrement, en demandant toujours plus de choses, chacun recourt à un réflexe de préservation. C'est naturel. Il ne s'agit pas de passer sa vie au boulot à se prendre la tête pour trouver des solutions, si les conditons de départ n'y sont pas favorables.

    Ce qui se passe en ce moment : on rend le système public d'éducation "défaillant", et le prétexte est tout trouvé pour le libéraliser. On laisse faire la main invisible et tout le monde sera content, en principe. Mais quand je vois ce qui se passe au Chili...

    Je vais m'arrêter là. J'ai plein de choses à dire sur ce sujet. Il faudrait même en débattre, cela serait marrant. Bien sûr je prends parti, difficile d'être objectif. Ton commentaire me fait encore réfléchir... À plus!

     

     

     

     

    9
    Stef
    Dimanche 1er Juin 2014 à 02:16

    Salut!

    Tout d'abord, je dois dire que tu relèves le gant avec beaucoup d'élégance, alors que je m'étais quelque peu épanché sur ton blog sans même y avoir été invité. Merci, donc, pour ton accueil chaleureux. Je ne cherchais pas particulièrement le débat, un débat qui serait d'ailleurs difficile à mener à distance. La lecture de ton témoignage, encore plein de saveurs chiliennes, aura stimulé l'envie de commenter tes impressions en en partageant d'autres "à chaud"...

    Quant à l'idée d'accroître l'autonomie des établissements, à peine avais-je envoyé mon commentaire que je commençais à me demander si cette idée n'est pas en fait une énorme connerie, une banane de plus pour un système dont on peut effectivement se demander si on ne s'applique pas à le rendre défaillant (et mal aimé) pour, au moment opportun, le découper en petits et moyens morceaux - des morceaux qui rapporteraient gros à leurs (déjà) fortunés acquéreurs.  

    Réduire l'Etat à la portion congrue est bien, hélas, le seul travail politique actuel dont on puisse être certain qu'il est mené avec constance et régularité. Il s'activent, les libertariens! Et je m'en voudrais de leur donner des gages de quelque manière que ce soit.

    Pour autant, je persiste à penser que les profs restent, en termes de prise de conscience collective, très en-deçà de la destruction de leur outil de travail qui se joue pourtant depuis quelques décennies... A mon avis, le remodelage des programmes (je parle pour le français, mais je crois savoir que les programmes d'histoire ont eux aussi été drôlement "élagués") et le sacrifice progressif des exigences scolaires traditionnelles compliquent pourtant gravement leur tâche et brouille leur relation avec les élèves. Tant de temps pour si peu de transmission: le constat est là, oui, et pour tout un chacun! Mais les réactions ne se jouent pour l'instant qu'à la marge, souvent sur le net. Et parfois, entre deux portes du collège, les langues se délient, loin des cancans et commérages de la salle des profs. Et alors, on respire. On s'affranchit momentanément des "réflexes de préservation" que tu évoques, on cesse de sur-vivre pour re-vivre dans le partage d'un concentré de conscience. Ça arrive! (Et heureusement!)

    Le travail d'équipe des profs est une antienne qui date des années 80-90, quand ont fleuri le management et l'approche par compétences dans les entreprises. Je ne souhaite pas pour ma part davantage de "cohésion", et j'apprécie par-dessus tout d'être seul face à ma classe. J'aimerais seulement que le transmission revienne à l'ordre du jour dans les écoles de France, comme priorité absolue et sans dérogation possible. Et aussi, qu'on tire -enfin!- le bilan des expériences pédagogiques des trente dernières années...

    Mais c'est beaucoup, et il est tard.

    Je vais m'arrêter là, momentanément satisfait d'avoir écrit moins de bêtises que la première fois - et avant de changer d'avis et d'avoir à recommencer!

    Sincères salutations.

    Et à la prochaine!

     

     

    10
    Stef
    Dimanche 1er Juin 2014 à 02:27

    Si tu es à Vina, alors profite bien des fruits de mer, poissons, pastel de jaiva et autres pipenos! ;)

    11
    Vanessa
    Mercredi 12 Août 2015 à 23:24

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